Aout  1977 – Prémanon

Joyeuse et impatiente, je partais dans le Jura en colonie de vacances avec mes camarades, enthousiasmée à l’idée de vivre des activités variées, sportives et dynamiques. Mais l’aventure débuta par une énigme étrange, à laquelle je n’ai, encore aujourd’hui, jamais trouvé de réponse. À notre arrivée au chalet, un moniteur appelait chaque enfant par son nom et prénom pour vérifier que tout le monde était bien là. C’est alors qu’un détail déroutant attira notre attention : un jeune garçon blond aux yeux bleus, de petite taille, se trouvait parmi nous sans être inscrit sur aucune liste. Comment avait-il pu intégrer le groupe sans que personne s’en aperçoive ? Le moniteur l’interrogea : « Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Que fais-tu ici ? » Mais le garçon ne répondit pas. Il se contentait de sourire, un sourire étrange, presque moqueur. Totalement muet, il restait là, immobile.

Il transportait une petite valise métallique. Le moniteur tenta de l’ouvrir, mais sans succès : elle était solidement verrouillée. Devant le silence absolu du garçon, le moniteur, déconcerté, finit par reprendre la visite du chalet comme si de rien n’était, le laissant seul derrière nous, livré à lui-même. Ce qui, soit dit en passant, était complètement irresponsable. Mais qui était-il réellement ?

Les jours qui suivirent, ce garçon réapparaissait, disparaissait mystérieusement, toujours et toujours sous mes yeux. Chaque fois, il me fixait avec insistance, comme s’il cherchait à me transmettre un message. Mais je ne comprenais pas. Je n’en ai jamais parlé à personne. Et pourtant, malgré le trouble qu’il semait en moi, je n’ai aucun souvenir qu’il m’ait fait du mal.

À cela s’ajouta un autre élément troublant. Les parents d’un de mes camarades, Éric, l’avaient inscrit dans la même colonie. Lui aussi était blond aux yeux bleus. Son cousin Philippe, qui habitait non loin du chalet, venait parfois jouer avec nous. Mais son comportement m’intriguait profondément. En dehors des moments où il était parmi nous, Philippe surgissait de nulle part, juste pour capter mon regard, avant de se cacher aussitôt. Il restait toujours à une certaine distance, assez loin pour m’échapper, mais suffisamment proche pour que je le remarque. Il m’observait, m’épiait. Que voulait-il ? Il était très beau, blond aux yeux clairs. Il ressemblait étrangement au jeune garçon à la valise. Contrairement à l’autre, celui-ci m’intimidait un peu, mais je sentais en lui une énergie étrange, presque magnétique.

Je garde en mémoire d’autres souvenirs flous, d’autres événements énigmatiques, mais trop vagues pour être racontés sans en dénaturer l’essence. Peut-être qu’une séance d’hypnose m’aiderait à faire remonter à la surface ces détails enfouis.

Malgré ces épisodes troublants, cette colonie reste un souvenir agréable. Les jours s’écoulèrent, et à la fin du séjour, plus personne ne parla du garçon à la valise. Il avait disparu comme il était venu, sans laisser de trace. Quant à Éric, que je retrouvai à la rentrée scolaire, je n’eus jamais le courage de lui parler de ce cousin si particulier.

Petite observation : presque toutes mes expériences extraterrestres ou paranormales ont un point commun intrigant : elles impliquent des êtres aux mêmes caractéristiques physiques. Toujours blonds, toujours aux yeux bleus.

Petite observation : le chalet où se déroulait la colonie portait un nom étonnant : U.F.O.V.A.L.
Ce n’est que bien plus tard, en repensant à cette histoire, que j’ai relevé une coïncidence troublante. Les trois premières lettres, U.F.O., correspondent exactement à l’acronyme anglais de Unidentified Flying Object, autrement dit, O.V.N.I. en français.


Gabriela d’Asti