2004, je m’inscris à un scrabble en ligne et l’avantage de ce jeu, c’est de pouvoir chatter avec notre adversaire. Depuis des semaines, je jouais avec une Silaine et nous avons lié d’amitié.

Un soir, en jouant, nous discutons de la pluie et du beau temps sans parler de nos fous rires, il est vrai qu’elle avait de l’humour. Puis tard dans la soirée, j’interromps la conversation parce qu’une forte angoisse m’envahissait. J’ignorais la cause mais plus les secondes passaient et plus l’angoisse devenait forte. Elle vivait chez sa mère et instinctivement et sans réfléchir, je lui demandai si sa maman allait bien. Elle me répond que oui. Ok, lui répondis-je. Nous continuons la partie un moment, puis je réitère ma question. Es-tu sûre qu’elle se sent bien ? Oui, oui, mais tu m’inquiètes maintenant. Je lui suggère d’aller la voir de nouveau, ce qu’elle fait. Tout va bien, elle était dans le séjour et regardait la TV. Bon ok : lui dis-je. Mon angoisse s’était estompée un peu mais 15 minutes plus tard, je réinsistai ! Vas voir ta mère s’il te plaît. Silaine commençait à s’agacer mais elle y retourna quand même et ne la voyant pas dans la maison, elle regarda par la fenêtre. RAS, elle promenait le chien donc tout allait bien, ce qu’elle croyait. Trente minutes plus tard, mon angoisse revenait et cette fois-ci, je n’allais pas en rester là. Avec insistance, je la suppliai de retourner la voir une dernière fois. Cette fois-ci, Silaine me prenait enfin au sérieux et elle commençait à paniquer. Nous interrompons la partie, tout en restant en ligne, attendant son retour. Une demi-heure passe, une heure, deux heures et aucune nouvelle. Une angoisse n’est jamais anodine mais que s’était-il passé ? Il était tard, je coupe internet, me couche et difficile de m’endormir, impuissante face à cette situation.

Le lendemain matin, toujours aucune nouvelle et cette fois-ci, c’est moi qui n’étais pas rassurée. Puis vers midi, le téléphone sonne. C’était Silaine. Elle était à l’hôpital et m’expliquait que sa mère avait fait une tentative de suicide par médicaments et elle l’avait trouvée inerte sur le lit. Elle avait appelé les pompiers et ne pouvait pas me joindre, ce que je comprends.

Je ne compte pas le nombre de fois où elle m’a remerciée (il n’y a pas de quoi, c’est normal) et puis quand ce n’est pas notre heure, ça ne l’est pas. Elle si cartésienne n’en revenait pas de mon pressentiment et du déroulement de la soirée.

Un conseil : Si vous avez une intuition, une petite voix qui vous dicte quoi faire, n’essayez pas d’en connaître la raison, obéissez-lui.


Gabriela d’Asti